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Longévité estimée : la statistique que l’on peut modifier

Dernière mise à jour : 19 avr.


Peut-on connaître son espérance de vie ? Votre futur est-il écrit ? 

Avez-vous peur d’en savoir plus ?

 

Pas de panique ! N'ayez aucune crainte.


Souvent mal interprétée et déformée, l’espérance de vie n'est qu'une donnée statistique. Si on la personnalise, sous forme d’estimation de longévité d'un individu, elle apporte des éclairages intéressants.


Ainsi, voilà un outil permettant de comprendre comment améliorer son espérance de vie. Quelle source incroyable de motivation pour avoir une longue vie en bonne santé. 


Alors, intéressé ? Tant mieux ! 


On va tout vous expliquer et vous rassurer.


Non l’espérance de vie personnalisée n’est pas l’âge précis de votre mort !


Souvent, on pense que l’espérance de vie est l’âge exact auquel on va mourir. C'est faux !


D'ailleurs, obtenir une estimation ajustée de cette espérance serait anxiogène.

Qui souhaite savoir l'heure de sa mort ?

Beaucoup refusent d’aller voir un voyant pour les mêmes raisons : connaître son avenir peut faire peur.

 

Or voilà : l’espérance de vie nationale est calculée sur les probabilités et sur des grands nombres. Elle est basée sur une moyenne de toutes les probabilités de décès aux différents âges.


Dit en d’autres termes : on peut mourir à tout âge, il y a juste plus de chances que cela se produise à certaines périodes de la vie, et comme on va le voir, il existe différents pics de risque.

 

La plupart d'entre nous ont de fortes chances de situer notre espérance de vie dans une fourchette d'âge que l'on peut anticiper. Cela ne veut pas dire qu'il est impossible de devenir centenaire alors que rien ne le laissait présager.


C'est logique et mathématique : au casino, nos probabilités de voir la somme de deux dés donner sept sont bien plus élevées que celles d'obtenir un double six. Cela ne signifie pas pour autant que je suis totalement exclu de la possibilité de réaliser un double six.



Quel est l'âge de décès des Français ?


C’est la première donnée très intéressante fournie chaque année par l’INSEE, une courbe méconnue qui devrait faire l’objet d’une intense vulgarisation tant elle est instructive : si on trace, en quantité, l’âge auquel sont morts tous les Français sur une année, on trouve la courbe suivante pour l’année 2023.


Sur l'axe horizontal se trouve l'âge. Verticalement le nombre de décès à chaque âge dans l'année 2023 (ramené sur une note de 1 à 100)


Que nous apprend cette courbe ?


Premièrement que l’on peut mourir à tous les âges de la vie (hélas). Passée la mortalité infantile à moins d'un an (malgré des progrès remarquables), notre risque croit doucement avec les années. Au-delà d'une montée jusqu'à 85 ans, c’est la chance d’aller plus loin (centenaires) qui prend le relais en décroissant.

 

Deuxièmement, on apprend qu’il existe deux pics.


  • Le premier groupe se concentre autour de 83-85 ans. Ce qui représente actuellement la plage d'âge la plus probable pour le décès, compte tenu de l'année de référence (2023).


  • Le second pic se situe entre 64 et 68 ans, correspondant à un pic de mortalités précoces. À ces âges, des maladies telles que les cancers, les maladies cardiovasculaires et d'autres, dont certaines sont évitables, surviennent et perturbent le cours naturel de la vie.

 

Car un œil avisé sait qu’une répartition naturelle et mathématique des choses donnerait une courbe symétrique que l’on appelle « courbe de Gauss » qui représente une répartition normale d’un phénomène autour d’une moyenne.

 

Le schéma approximatif ci-dessous présente une courbe en rouge qui, idéalement, représenterait la répartition des décès dans un monde parfait.


Par conséquent, la zone entre les deux courbes, la bleue (décès constatés) et la rouge (courbe idéale), nous montre principalement des décès évitables.



Si nous avions scientifiquement une réponse médicale à toutes ces maladies, les décès situés entre les deux courbes se reporteraient en partie sur l’arrière de la courbe (après 86 ans) prolongeant statistiquement la vie de la population.


Problème : on constate ces dernières années que l’on stagne dans notre capacité à faire glisser cette courbe en forme de « vague » vers la droite. Nous traversons un (court on l'espère) moment de doute entre progrès scientifiques exceptionnels d’une part et pandémies de sédentarité et d’obésité entre autres.

 

Aujourd’hui, plusieurs études estiment que 95% des décès ne sont pas de mort « naturelle » mais de maladie.


Si l’homme mourait de vieillesse avec une santé optimale, les récentes études estiment qu’il pourrait atteindre les 140 ans.


Des statistiques collectives aux statistiques de votre âge et votre sexe


Quand on entend l’INSEE communiquer l’espérance de vie à une année donnée, il donne habituellement un chiffre précis correspondant à l'espérance moyenne d'un bébé né cette même année (et non la courbe ci-dessus). Ainsi, en 2023, l'espérance de vie à la naissance est de : 85,2 ans pour une fille, 79,3 ans pour un garçon.


Chaque année qui s’écoule, pour nous, déjoue les statistiques et notre probabilité de vivre plus vieux augmente ... Simplement parce qu'on a survécu !


Ainsi en 2023, la femme française « type » a un âge moyen de 43,7 ans et vivra jusqu’à 86,7 ans. De même, le français (homme) moyen a 40,9 ans et vivra jusqu’à 81,5 ans.


Ainsi notre âge et sexe déterminent une courbe de probabilité qui est propre à notre groupe. La courbe de probabilité vue précédemment bouge donc vers la droite (probabilité de vivre plus vieux) ou vers la gauche (moins vieux) en fonction de notre âge et sexe. Une femme plus âgée aura donc une courbe de longévité dont les valeurs glissent globalement vers la droite.


Des statistiques âge et sexe vers une estimation individuelle


Mais avec le temps, nous nous écartons de la moyenne des gens. Nous ne sommes plus le français moyen. Notre vécu, nos habitudes de vie, notre patrimoine génétique font de nous un être à part qui s’éloigne de monsieur et madame « tout le monde ».


Nous avons tous des niveaux de facteurs de risque différents (voir notre article sur le sujet) : risque sur la motricité, le métabolisme, la nutrition, le stress…

 

De l’importance de cet écart naissent des risques et des opportunités de déclencher des pathologies et de vivre beaucoup plus vieux ou moins vieux que la moyenne.


Si nous réduisons les risques nous pourrons peut-être éviter le pic de mortalité précoce (le fameux 64-68 ans) ou de favoriser celui-ci.

 

On connait bien un grand nombre de caractéristiques du français moyen à tous âges et sexes (ce qui est possible et accessible grâce à l’OPEN data, c’est-à-dire données partagées, des grands groupes statistiques). On sait par ailleurs aussi mesurer ces mêmes habitudes, caractéristiques et données de santé chez un individu donné : il est alors possible de faire une évaluation en nous comparant à nos semblables.


On peut bâtir un modèle de l’écart entre chacun de nous et notre jumeau moyen du même âge et sexe. Cet écart peut varier dans le temps : il peut être important à un âge et se réduire plus tard.


Dans la courbe qui suit, on peut voir en vert et en bas la probabilité de décès aux différents âges d’un groupe d’hommes de 39 ans.


En noir et au-dessus, la simulation pour un homme du même âge mais ayant des habitudes de vie, données de santé et environnement génétique légèrement meilleurs que la moyenne : sa courbe glisse vers la droite et se détend comme un accordéon.



Des statistiques de longévité qui peuvent s’améliorer


Il existe des facteurs de risque dans de nombreux domaines (voir notre article sur les domaines de la roue de la santé). Ces facteurs sont les ingrédients de potentielles pathologies.


Nous n’avons pas d’emprise sur tout, mais nous pouvons à chaque instant décider de changer de manière préventive plusieurs de nos habitudes.


Pas toutes !


Ce n’est ni nécessaire ni tenable : vouloir trop changer de choses (reprendre le sport, réduire notre stress) d’un coup est difficile sans accompagnement.


Mais, il est possible aujourd’hui au travers de bilans et de conseils en prévention de vous aider à choisir une stratégie ciblée. En réduisant en partie QUELQUES UNS de vos risques, les plus marquants, l’impact sur les maladies potentielles est rapidement visible sur l’avenir.


En résumé : les facteurs de risques étant le plus souvent à l'origine des maladies, quand vous en réduisez les principaux, le hasard a mathématiquement beaucoup moins de créativité possible dans sa cuisine à ennuis !


En comprenant cela, quelques efforts aujourd’hui modifient rapidement les statistiques de longévité.


Ci-dessous, une simulation de longévité/espérance de vie personnalisée avant (en vert) et après réduction (en bleu) de quelques facteurs chez un individu sédentaire et stressé (renforcement musculaire, ajustements ciblés nutrition, etc…)


Dans la seconde courbe (bleue), on voit que la réduction partielle des principaux risques a immédiatement en simulation un effet positif et un décalage vers la droite (plus vieux) de la courbe de longévité probable.


En conclusion : rien n’est écrit


Ni l'âge auquel vous décéderez ni votre longévité ne peuvent être prédits avec certitude.


Même si nous disposons d'outils statistiques pour estimer la probabilité de notre longévité dans le temps, personne ne peut en réalité prédire avec certitude combien de temps nous vivrons.


Il est remarquable de constater que même dans des conditions de santé précaires et avec des habitudes de vie peu saines, certains individus déjouent toutes les attentes et vivent plus de cent ans, ce qui témoigne de la complexité et de la richesse du jeu de la vie.

 

Cependant, il existe des statistiques qui indiquent que si vous achetez plus de billets de loterie, vous augmentez vos chances de gagner. Ces probabilités sont connues.


De même, la médecine préventive, qui se développe rapidement, vise à investir dans notre avenir en améliorant notre santé dès maintenant.


Certains choisissent même d'investir dans des plans de retraite ou d'achat d'années de retraite supplémentaires.


Chacun de nous peut décider dès aujourd'hui, en tant qu'acteur conscient, de prendre des mesures pour améliorer nos chances de vivre mieux et beaucoup plus longtemps. Cela dépend en grande partie de nos choix individuels.



 

A propos d’espérance...

 

Pour mieux comprendre la notion d’espérance et de distribution de probabilité nous recommandons aux plus matheux d’entre vous l’article suivant du cnam.

 

Restez connecté...

Dans nos prochains articles, nous approfondirons le thème des responsabilités du dirigeant.

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