Être centenaire ? Ça vous dit ?
En France, ils seraient 30 000 ! Impressionnant, non ? C’est assez connu : l’espérance de vie augmente dans le monde entier. Les progrès de soins et de santé y sont pour beaucoup. Le rêve de la vie éternelle se rapproche…
Il existe même des endroits sur le globe où la part de centenaires est plus importante qu’ailleurs. On les appelle les Zones bleues. Quels sont les secrets de leurs habitants ? Peut-on apprendre à devenir comme eux ?
C’est ce que nous allons vous révéler… Prenez des notes, ça vaut la peine !
Vivre plus longtemps : les faits
Oui, vous avez bien lu : il y aurait 30 000 centenaires en France en 2023. C’est 30 fois plus que dans les années 60/70 ! Voilà ce qu’une étude (2023) de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) vient de dévoiler.
Cela ne représente seulement, pour l’instant, que 0,04% de l’ensemble de la population française (1% pour les nonagénaires, 5% pour les octogénaires et 12% les sexagénaires).
Et point importante à souligner : 86% sont des femmes.
L’espérance de vie reste ainsi inégalitaire en fonction des catégories suivantes : sexe et appartenance sociale.
D’après les démographes, le nombre de centenaires sur la planète devrait doubler tous les dix ans. La dernière projection de l’Insee, en 2070, la France comptera 270 000 centenaires, soit 13 fois plus qu’aujourd’hui.
Dans tous les cas, d’ici la fin de la décennie, les plus de 65 ans seront plus nombreux que les moins de 15 ans.
Cette tendance devrait, selon l’Insee, se poursuivre : la France pourrait compter 76 000 centenaires en 2040... À suivre !
Le saviez-vous ?
Selon les Nations unies, c’est le Japon qui est le pays numéro un, concernant les centenaires. Puis viennent l'Uruguay, Porto Rico, Hong Kong et la France pour finir le top 5.
Une tendance qui se confirme
On le sait, l’espérance de vie augmente : au niveau mondial, selon les Nations Unies, on est passé de 46,5 ans en 1950 à 71,7 ans en 2022 et l’on devrait atteindre 77,3 ans en 2050. Et pour la France ? Depuis 1900, on est passée de 40 à 82,2 ans…
Et ce n’est pas fini : les spécialistes estiment autour de 120 ans notre espérance de vie actuelle et envisagent, avec les progrès, que nous pourrions vivre bien au-delà, jusqu’à 150 ans…
Conséquence ? D’ici à 2030, les personnes de plus de 60 ans devraient représenter un sixième de la population mondiale. Du jamais vu en espérance de vie !
Espérance de vie ou longévité ?
Il faut distinguer les deux !
La longévité serait le « fait de vivre longtemps et bien, en bonne santé », explique Michel Poulain, l’un des inventeurs du concept de zone bleue.
Selon lui, au lieu de repousser les limites de l’espérance de vie, c’est-à-dire vivre plus longtemps, il faut “faire en sorte d’améliorer les conditions de vie des personnes âgées pour qu’elles vieillissent mieux et heureuses avant tout”.
Comment expliquer cette longévité ?
Les raisons sont connues : constants progrès de la médecine et des soins, hausse du niveau de vie, meilleure sécurité et confort de vie, etc. Mais aussi l’adoption d’habitudes de prévention : plus d’hygiène, moins d’alcool, plus d’activités physiques, moins de malbouffe, etc.
Et la génétique ?
Le facteur génétique ne serait responsable que de 10 % à 20 % de notre longévité. Les 80% restants dépendent donc de nos comportements, de nos choix de vie.
On parle alors d’épigénétique.
Définition : l’épigénétique est la science qui étudie l'influence de l'environnement sur l'expression des gènes.
Michel Poulain précise : « il s’agit de la manière dont nos gènes sont ou non activés en fonction de notre mode de vie, comportement, etc. C’est donc la relation entre environnement humain et physique qui va davantage définir notre potentiel génétique”.
Oui, vous l’avez compris, notre patrimoine génétique peut être influencé par des facteurs externes : facteurs alimentaires, environnementaux et sociaux auront alors un impact sur nos gênes et notre capacité à vieillir en bonne santé.
Et les zones bleues en sont un exemple très parlant…
Source : Dimitrios Karamitros/Shutterstock.com
Les zones bleues : kézako ?
Les zones bleues, ou plus précisément les « zones bleues de longévité », sont des régions du monde où la population a des caractéristiques inédites : non seulement on y trouve une forte concentration de centenaires, mais on peut aussi observer leur bonne santé. On parle alors de longévité exceptionnelle…
Pour aller plus loin, ajoutons que : ce sont des « écosystèmes où la nourriture, l’environnement, la culture, la protection sociale, la qualité de l’air et de l’eau sont des facteurs qui interagissent pour créer un micro-environnement favorable à la longévité ».
Ce concept, né en 2000, provient de deux chercheurs universitaires : le démographe belge Michel Poulainet et l’italien Gianni Pes.
C’est en étudiant le nombre important de centenaires en Sardaigne qu’ils vont s’intéresser à la longévité. Puis ils s’associent à Dan Buettner, un journaliste américain, pour étudier les facteurs communs entre ces zones bleues. Ce travail donnera naissance à des articles, des livres, mais aussi un documentaire : 100 ans de plénitude : les secrets des zones bleues (2023)
Leur objectif ? Trouver un mode de vie “longevity friendly” que chacun pourrait adopter.
6 zones bleues sont, aujourd’hui, reconnues dans le monde :
Okinawa (Japon) : Le Japon est le pays ayant le plus de centenaires au monde. L’île d’Okinawa particulièrement : on la surnomme « l'île des centenaires », des femmes majoritairement. L’espérance de vie est de 86 ans pour les femmes et 78 ans pour les hommes. Ikigai et Hara hachi bu, mais aussi Moai… Autant de mots/concepts qui cachent des pratiques intéressantes que nous allons vous expliquer…
Sardaigne (Italie) : L’île italienne de la Méditerranée, la Sardaigne, avec la ville d’Ogliastra ont attiré fortement l’attention de nos chercheurs. Ici, hommes et femmes sont à égalité concernant la longévité contrairement aux autres zones bleues : les hommes les plus âgés du monde y vivent ! Une personne sur dix dans ce village a plus de 90 ans… Ils sont éleveurs de moutons, grands marcheurs, montagnards et bons vivants… Un joli profil de centenaires heureux.
L’île d’Ikaria (Grèce) : Dan Buettner l’appelle « l’île où les gens oublient de mourir »… Une personne sur trois y aurait plus de 90 ans ! Régime méditerranéen, sieste dans l’après-midi et quasiment aucun stress… ça fait rêver.
Péninsule de Nicoya (Costa Rica) : on y trouve l’espérance de vie la plus élevée d’Amérique centrale (82 ans pour les femmes et 77 ans pour les hommes). 13% de la population de Nicoya a plus de 90 ans et 5%, plus de 100 ans. Peu de pollution urbaine ou de stress, mais soleil et convivialité garantie… Une vie paisible au rythme de la “Pura Vida” qu’on leur envie tous.
Loma Linda en Californie (États-Unis) : C’est une des plus grandes congrégations adventistes du septième jour (une église protestante et évangélique). Ils sont végétariens, ne fument pas, ne boivent pas d’alcool et leur vie est centrée autour de leur foi et des valeurs familiales… Et certains continuent de travailler à 90 ans passés !
La Martinique (département français d’outre-mer) : Au 1er janvier 2023, on y comptait 400 centenaires ! C’est la petite dernière zone bleue récemment recensée… « Vous avez une probabilité de 50% supérieure d’atteindre cent ans si vous êtes né à la Martinique ». Le climat particulier, le style de vie et la sécurité sociale seraient des facteurs importants pour garantir la longévité aux Martiniquais vivant sur leur île.
N. B. Pourquoi zones « bleues » ?
Rien de savant là-dedans, nos chercheurs ont entouré au feutre bleu les zones de longévité importante sur leur carte… Tout simplement !
Et maintenant, examinons dans l'article suivant les points communs de ces zones bleues…
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